MFC 1871

PARIS COMMUNARD

Publié le lundi 25 mars 2019

Ce samedi après-midi nous étions quelques membres du MFC 1871 au cimetière du Père Lachaise, là où des centaines de communard-e-s ont été fusillé-e-s au pied d’un mur appelé désormais le Mur des Fédérés.

Il est un lieu de mémoire, d’abord de la Commune, mais aussi des combats du XXe siècle jusqu’à nos jours, pour la démocratie et le progrès social inspiré par la Commune de Paris.

Le 18 mars 1871, après des mois de siège par l’armée prussienne, la population de Montmartre trouve encore l’énergie de se mobiliser pour conserver ses canons, acquis par souscription. Tout ce que Paris compte de "républicains avancés", c’est-à-dire de militants pour la République démocratique et sociale, rejoint bientôt cet élan.

Dans les beaux quartiers, les lieux de pouvoirs sont investis. Rue de Rivoli, le ministère des Finances ; sur l’île de la cité, la Préfecture ; place Vendôme, le ministère de la Guerre ; place de Grève, l’Hôtel-de-Ville, symbole de l’autonomie d’une cité.

Pendant 72 jours, l’assemblée communale, la Commune élue, sans cesse contrôlée par les comités de quartiers, fera souffler le vent d’une révolution en actes. Conditions de travail, éducation laïque et gratuite, culture pour tous, embryons d’un sport populaire non compétitif, etc., la vie change pour 2 millions de Parisien-ne-s.

Mais qui avait tenté de désarmer ce Paris trop remuant à son goût ? Qui, en cette fin de mai 1871, organise la reconquête à coup d’exécutions sommaires, hommes, femmes et enfants, entre 7 000 et 10 000 victimes ? Les Prussiens ? Non, Adolphe Thiers. Une autre France, bourgeoise et libérale, menée par un gouvernement qui, en 1871, ne tient que parce qu’il cajole les derniers monarchistes et les résidus du bonapartisme.
Macron, que certains éditocrates comparaient à Thiers, pour le flatter, pendant sa campagne présidentielle, ne tient en 2019 que parce qu’il représente l’oligarchie financière, et peut s’appuyer sur un appareil policier aux ordres.
L’histoire a de ces hoquets. La République illibérale crève encore des yeux. Au 24 mars, en trois mois de Gilets jaunes, 226 blessures à la tête, dont 22 éborgné-e-s ; 5 mains arrachées ; une dame décédée.

Joueurs, joueuses, supporters et supportrices du Ménilmontant Football Club 1871, nous avons célébré la mémoire à vif de ces insurgé-e-s maté-e-s dans le sang, devant le Mur des Fédérés.

Mais nous n’oublions pas que la répression se prolonge dans les tribunaux politiques, à coups de procureurs zélés et de peines dissuasives. À la suite de la Commune : 36 609 arrestations, dont 1 054 femmes et 615 mineurs de moins de seize ans. Peines de mort : 93 ; déportations au bagne : 4 827, dont une immense majorité ne revint jamais ; prison : 4606.

Quel sera notre décompte au printemps 2019 ? Depuis plus de trois ans et la mobilisation contre la COP21, les tribunaux tentent d’assommer le mouvement social. Syndicalistes, grévistes qui ne se contentent pas de piquets, manifestant-e-s présumé-e-s coupables et armé-e-s "par destination", collégien-ne-s et lycéen-ne-s humilié-e-s à genoux mains sur la tête, habitant-e-s des quartiers pris pour cibles expiatoires, les peines de prison fermes pleuvent sur les militant-e-s.

Thiers et le parti de l’ordre déniaient tout droit à l’existence sociale aux insurgé-e-s de 1871 : ivrognes, prostituées, voleurs, "pétroleuses", "oisifs". Macron tente d’invisibiliser les révolté-e-s légitimes de 2019 avec ce même mépris : "Jojos en gilets jaunes", "qui ne sont rien", qui "coûtent un pognon de dingue", "casseurs" contre bon-ne-s manifestant-e-s.

Pourtant, les samedis se suivent et déjouent toujours l’exécutif. La fin du "grand débat" pour nous endormir ? Un samedi offensif le 16 mars. La menace de l’armée à balles réelles ?

Ce samedi 23 mars 2019 comme le 18 mars 1871, un Montmartre envahi par une population déterminée.

Vive la Commune.

Voir en ligne : MFC 1871 sur FB

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