A Ménilmontant, militants et élus veulent bloquer un projet immobilier porté par la mairie socialiste.

Publié le mardi 9 avril 2019

A Paris, un petit terrain de sport au cœur d’une bataille très politique

En fin de matinée, la pelleteuse est repartie, sur ordre de la Mairie.

Photo DC Le Monde

La pelleteuse orange est arrivée boulevard de Ménilmontant à 6 h 30, lundi 8 avril, mais elle n’a pas pu avancer. Impossible de pénétrer sur l’ancien terrain d’éducation physique (TEP) où Eiffage a prévu de bâtir un bâtiment de 85 logements sociaux, un gymnase, une déchetterie et des jardins partagés. La petite équipe de voisins qui surveille les lieux nuit et jour a immédiatement sonné l’alarme. Une banderole a été installée. Quelques élus de Paris sont arrivés toutes affaires cessantes et ont ceint leurs écharpes rouge et bleu, bien décidés à empêcher que ce petit coin de l’Est parisien soit « bétonné » à son tour.

L’huissier dépêché par Eiffage a dû constater le blocage : tant que riverains et militants campent devant le portail, il est impensable de démarrer les travaux, sauf à prendre le risque d’un affrontement physique. « Ce TEP, c’est la nouvelle ZAD parisienne ! », dit en souriant Danielle Simonnet, élue de La France insoumise au Conseil de Paris, en référence au combat victorieux mené contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). En fin de matinée, la pelleteuse a rebroussé chemin. « Je ne vais tout de même pas envoyer la police ! », s’exclame François Vauglin, maire socialiste du 11e. Un point de marqué pour les opposants.

Un symbole bien au-delà du quartier

Boulevard de Ménilmontant (11e arrondissement), juste en face du cimetière du Père-Lachaise, l’ancien terrain de sport transformé en friche est devenu un symbole, bien au-delà du quartier. « Le 11e est déjà l’arrondissement le plus dense d’Europe, celui qui compte le moins d’espaces verts par habitant, explique le géographe Cédrick Allmang, un des soutiens de Gaspard Gantzer dans sa campagne pour la Mairie de Paris. Alors, chaque mètre carré d’herbe est un enjeu ! »

Sur place, le projet, lancé initialement par Bertrand Delanoë en 2011, a d’emblée été contesté, notamment par des associations locales. La gauche plurielle qui dirige la ville, elle, le défendait, au nom du logement social. Mais à un an des élections municipales, la tonalité a changé. Cette parcelle de 11 000 m2 constitue désormais un abcès de fixation politique, et les soutiens se font plus rares.

« Soit on considère cet endroit comme un lieu de respiration, un espace vert à préserver, soit on continue à bétonner, résume David Belliard, le patron du groupe écologiste au Conseil de Paris. C’est une confrontation entre deux visions de la ville. » Les écologistes, les principaux alliés d’Anne Hidalgo à Paris, en font un dossier-test. (...)

DENIS COSNARD / Le Monde du 9 avril 2019

Voir en ligne : L’article complet sur Le Monde

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