Bourvil - Les Crayons
1945
Paroles de Bourvil
Musique d’Étienne Lorin
Ell’ n’avait pas de parents,Puisque elle était orpheline,Comm’ n’avait pas de parents,Puisque elle était orpheline,Comm’ ell’ n’avait pas d’argent,Ce n’était pas un’ richissime.Ell’ eu c’pendant des parents,Mais ils l’avaient pas reconnue,Si bien que la pauvr’ enfant,On la surnomma l’inconnue.Ell’ vendait des cart’s postales,Puis aussi des crayons,Car sa destinée fatale,C’était d’vendr’ des crayons.Elle disait au gens d’la rue :-Voulez-vous des crayons,Mais, r’connaissant l’inconnue,Ils disaient toujours non.C’est ça qu’est triste.C’est tout de même malheureux de voir ça, pas reconnaître son enfant...faut pas être physionomiste !.. il m’semble que si j’avais un enfant je le reconnaîtrais !... à condition qu’il me ressemble !C’était rue d’MénilmontantQu’elle étalait son p’tit panier,Pour attirer les clientsEll’ remuait un peu son panier.Mais un jour, un vagabondQui rôdait autour d’son panierLui a pris tous ses crayons,Alors, ell’ s’est mise à crier :Voulez-vous des cartes postales,Je n’ai plus de crayons !Mais les gens, chose banale,N’voulaient plus qu’des crayons.Quand elle criait dans la rueVoulez-vous des crayons,Ils disaient à l’inconnueTes crayons sont pas bons,C’est ça qu’est triste.Forcément, elle était avec son panier découvert, alors le vagabond, sans hésiter, il lui a pris tous ses crayons, puis, après elle avait plus d’crayons ! c’est vrai qu’elle n’en avait pas besoin puisqu’elle n’en vendait jamais !Un marchand d’crayons en grosLui dit : Viens chez moi mon enfant,Je t’en ferai voir des beaux,Je n’te demanderai pas d’argent.Ce fut un drôle de marché,Car c’était un drôle de marchand,Et elle l’a senti passer,Car ell’ en a un enfant.C’est tout de même malheureux d’abuser d’une inconnue... C’est vrai qu’elle a été on peu faible !... c’est pas parce qu’il disait qu’il était marchand d’crayons en gros... que... surtout qu’c’était pas vrai !... avec un enfant, elle avait bonne mine !... elle avait même pas une mine de crayon ! c’est ça qui la mine !... alors elle l’a abandonnée, l’enfant, alors cette pauvre enfant, plus tard, à son tour, qu’est-ce qu’elle a fait ?... ben !…Elle vendait des cartes postales,Puis aussi des crayons,Car sa destinée fataleC’était d’vendre des crayons.Et cett’ enfant de fille-mèreEtalait son panier,Car ell’ ignorait d’sa mèreL’histoire de son panier,C’est ça qu’est triste.