C’est un conte de fées moderne. Les marraines penchées sur le berceau du bébé sont des prostituées chinoises. La petite Rose porte le nom de leur association de travailleuses du sexe : Les Roses d’acier, d’après le titre d’une chanson sur la force et la beauté d’une fleur qui, avec ses épines, ne se laisse pas cueillir.
Pour Arte radio, Anne-Sophie Lepicard signe un documentaire autobiographique émouvant, liant les premiers jours de sa fille, dont le cœur ne battait plus à la naissance, et la solidarité des « marcheuses de Belleville » autour de l’enfant. Le récit défait les préjugés autour de ces femmes, que l’on pense souvent proches de la mafia ou de trafiquants.
Chacune a son histoire qui l’a amenée à arpenter le boulevard. Au micro de la productrice, dont elles sont proches, elles se livrent plus qu’elles ne l’auraient fait avec tout autre journaliste. « Notre Rose et les Roses d’acier ont en commun une chanson de pop chinoise, un goût prononcé pour les gâteaux d’anniversaire gonflés à la chantilly, et des histoires de résistance », explique Anne-Sophie Lepicard, dont le compagnon travaille dans le milieu de la prostitution. « Il ne couche pas, il supervise, précise-t-elle non sans un trait d’humour. Il coordonne le Lotus bus de Médecins du monde, aidant les prostituées à accéder à leur droits. » Avec recul et tendresse, elle porte un regard peu commun sur ces silhouettes du boulevard de Belleville.