En 1877, alors que le Paris ouvrier se relève difficilement de la Commune, 20 ouvriers décident de s’associer en coopérative de consommation. L’idée est de créer ce qu’on appellerait plutôt de nos jours une « épicerie solidaire », proposant à bas prix des produits de première nécessité dans un des quartiers les plus populaires de Paris (....)
La « maison du peuple » et l’émancipation
Dans les années 10, en plus d’une dizaine de magasins (qui désormais salarient du personnel), la Bellevilloise compte une chorale (la Muse Bellevilloise), un patronage pour les enfants des sociétaires, une bibliothèque riche de plus de 5 000 titres, une université populaire (la Semaille) où enseignait entre autres l’anthropologue Marcel Mauss. On peut aussi y suivre des cours de théâtre, de musique, d’espéranto (...)
La Maison du peuple de la Bellevilloise est rachetée en 2000 et transformée en lieu de culture branché. Reste que le prix du brunch signe plus la gentrification du quartier que le réveil de l’émancipation populaire, n’en déplaise aux organisations de gauche qui peuvent s’offrir ces murs chargés de mémoire pour leurs manifestations. C’est finalement plus au Lieu-Dit, un café sis un peu plus bas sur la butte de Ménilmontant, rue Sorbier, où Hossein ouvre gracieusement ses salles aux Caféministes des Effronté·e·s, aux Causeries des Lilas sur l’antiracisme politique, au Salon du livre politique indépendant, aux enregistrements de Là-bas, si j’y suis de Daniel Mermet, entre autres débats politico-militants où souvent l’on croise Frédéric Lordon, Eric Hazan ou Laurence De Cock, que se perpétue l’esprit émancipateur et d’éducation populaire de la « Belle ».
Photo logo : Coll. Im. Kharbine-Tapabor