Cela s’est passé dans une résidence composée de lourds immeubles des années 1960 séparés par de grands espaces verts : “Le Pressoir”.
Alors que partout dans le pays ce mot hideux de “distanciel” s’est imposé dans notre grammaire collective, nous, les 1.500 habitants du “Pressoir”, nous sommes retrouvés.
Alors que partout le mot d’ordre était le repli sur soi, nous nous sommes découverts.
Alors qu’il fallait s’auto-autoriser par attestation à sortir de chez soi, nous avons reconfiguré notre chez nous, comme on le pouvait, sans prendre de risques inutiles face à la maladie qui, partout, guettait.
Condamnés au dedans, nous avons donc inventé notre dehors. Des petites choses. Des concerts improvisés, mêlant des musiciens professionnels et des amateurs. Des cours collectifs, sous l’arbre, pour les petits. Des leçons de sports pour les plus grands. Une entraide entre tous pour les courses à manger. Des petites solidarités entre générations. Des désagréments aussi, bien sûr, comme dans un village…
Et, au milieu de ce drôle de laboratoire existentiel, sorte de kibboutz urbain placé sous la cloche d’une pandémie mondiale, il y avait Magali Delporte, “notre” photographe, qui a saisi ces instants uniques qui ont fait du “Pressoir” l’un des secrets les mieux gardés de Paris.