Musique et fabrication d’espaces urbains : les sons de Belleville
Article
Cet article analyse la fabrication de l’espace social urbain par les interactions créées grâce à la musique des migrants dans le quartier de Belleville, ancien faubourg ouvrier du Nord-Est parisien.
Depuis l’entre-deux guerres, ce quartier a accueilli plusieurs vagues d’immigration (Arméniens, Grecs, Juifs polonais, Algériens, Tunisiens, Chinois, populations d’Asie du sud-est, etc.) et des arrivées plus éparses de migrants de tous pays.
Sa population actuelle est un véritable kaléidoscope de différentes nationalités, cultures et couches sociales. A travers l’analyse ethnographique des pratiques musicales collectives, cet article contribue au débat ouvert sur la multi-ethnicité et l’intégration dans le quartier ; une controverse issue d’une opposition dialectique entre ceux qui défendent l’idée qu’à Belleville il y a un véritable brassage culturel et social et ceux qui affirment l’existence d’une « société partagée », fragile mosaïque de communautés qui partagent le même espace sans se mélanger.
La perspective adoptée, interactionniste et pragmatique, défend l’idée de la musique comme pratique structurante de l’espace, du temps et des relations sociales.
Belleville c’est la Géographie résignée à l’histoire : la manufacture des nostalgies.
Daniel Pennac : La Petite Marchande de prose
Une soirée chaâbi dans un petit restaurant de Belleville à Paris.
Elle est animée par de jeunes musiciens d’origine algérienne réunis autour de la voix mélodieuse d’Amine. Fils de Mehdi Tamache, grand maître de cette musique algéroise, il sait restituer avec ferveur la force des textes hérités de son père qui, conformément à la tradition dont il se réclame, lui a transmis le patrimoine des musiques et chansons issues d’une rencontre entre melhûn (poésie maghrébine chantée) et musique arabo-andalouse.
Le public, enchanté, frappe des mains en rythme pour accompagner la musique, sous l’impulsion de nombreux Algériens présents, des familiers du lieu, qui maîtrisent les codes du genre et savent manifestement où et comment intervenir dans cette séquence rituelle.
L’émotion est palpable. La poésie des chansons semble tout emporter dans son flot, y compris ceux qui...
Article disponible dans la dernière édition des Cahiers d’ethnomusicologie (#32)
Le texte intégral sera publié en ligne en octobre 2021.
Monica CAGGIANO suit une double formation universitaire en anthropologie et en économie (doctorat en Economie politique). Elle a travaillé, en tant que chercheuse, dans divers instituts en France, en Italie et aux Pays-Bas.
Actuellement, elle est doctorante en anthropologie à l’EHESS ; ses recherches portent sur la fonction du « making music together » dans le processus de transition sociale et écologique.
Source Les Cahiers d’ethnomusicologie
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