« Cadre de Vie » publie un article concernant l’aménagement de la place Jean Ferrat et les décisions prises par la mairie du XIe.
Extraits :
Le Maire du 11e décide seul, sans en référer aux habitants et usagers, du réaménagement de la place la plus importante de notre quartier. Un cas unique à Paris.
Le projet prévoit, pour l’essentiel, de raser les deux vastes jardinières pour les remplacer par des rochers d’escalade pour les jeunes et des babyfoot, ainsi que l’installation d’un manège (payant).
Un recul majeur pour la place de la nature dans le quartier et la lutte contre les îlots de chaleur
Les vastes jardinières créées il y a 10 ans ont posé, il est vrai, de sérieux problèmes à commencer par leur manque d’entretien et l’existence de fuites dans la station RATP. Pour autant, leur destruction aurait mérité un débat. La place Jean Ferrat est en effet très minérale (comme la place de la République) et notre quartier manque cruellement d’espaces verts et d’arbres (...)
En termes de lutte contre les îlots de chaleur, la situation ne cesse de se dégrader.
Un projet d’aménagement qui exclut les femmes de l’espace public
Outre l’installation dédiée à l’escalade, le projet prévoit la création de deux babyfoot. Là encore, on se désolera de ce choix non concerté et déconnecté des préoccupations des habitants.
D’abord chacun peut comprendre que l’un des enjeux de la place Jean Ferrat est d’y ramener les femmes, très largement absentes de son usage. Il est assez peu probable que les babyfoot et les rochers d’escalade soient perçus comme un moyen de parvenir à plus de mixité, c’est sans doute même l’inverse.
Le risque est également de reproduire ici l’erreur commise place Marek Edelman, où le babyfoot financé par le Conseil de quartier n’a jamais fonctionné, parce qu’il n’est jamais entretenu par les services de la propreté et qu’il sert de poubelle. Ensuite, parce que pour y jouer, encore faut-il penser à se munir de balles et savoir où en trouver. Or c’est rarement le cas. Ce sont donc des cailloux qui font office de balles et dégradent l’équipement.
Le projet prévoit également l’installation d’un manège sur la place (côté arrêt de bus 96), ce qui pose d’autre problèmes.
Ce manège sera installé là même où les habitants du quartier avaient demandé que l’on plante des arbres supplémentaires dans le cadre du projet ”Végétalisons le quartier Belleville Saint-Maur” en 2017. Plus de 1.600 habitants avaient voté pour ce projet et vont, à juste titre, se retrouver floués par la décision du Maire du 11e.
Ensuite, cela pose la question de la place des “Chibanis”, ces vieux immigrés du quartier qui aiment à se retrouver sur cet espace où sera implanté le manège.
Désargentés pour la plupart d’entre-eux et vivant souvent dans des chambres ou des logements exigus, ils n’ont plus que cet espace comme lieu de socialisation. Les en priver serait injuste.
Pour le maire, il s’agit surtout de lutter contre le marché sauvage
(...) en encombrant l’espace public, on empêcherait le marché sauvage de s’installer... Nous sommes opposés à cet orientation, car pour les habitants, c’est la double peine. Dans un quartier aussi dense que le nôtre, les habitants ont besoin d’espaces publics gratuits pour se balader et s’y retrouver. Ils ne sont pas responsables du marché sauvage. Il appartient aux autorités de prévenir et de lutter contre ce genre de délits, sans en faire payer le prix aux habitants.
Aussi, plutôt que des murs d’escalade, des babyfoots, il aurait été plus pertinent d’installer des jeux pour enfants gratuits, de maintenir la baraque ou l’on pouvait acheter des gaufres et de créer, pourquoi pas, un kiosque citoyen pour renforcer le lien social sur cette place au carrefour des quartiers populaires des 11e et 20e arrondissements .