Suppression des bancs publics - Une ville inaccueillante

Conseil de Quartier Belleville

Publié le dimanche 8 mai 2022

En octobre, le conseil de quartier avait été sollicité pour signaler l’informant que "la police et la Mairie envisageaient d’enlever les bancs à l’angle de la rue du Pressoir et de la rue des Couronnes" .

Ces 2 photos du même lieu ont été prises à 7 mois d’intervalle, à l’angle des rues des Couronnes et du Pressoir dans le bas-Belleville.

Celle d’octobre montre cet espace avec 2 bancs et celle du 6 mai le montre sans banc. Entre-temps les bancs ont été démontés le jeudi 5 mai au matin.

En octobre, le conseil de quartier avait été sollicité pour signaler l’informant que "la police et la Mairie envisageaient d’enlever les bancs à l’angle de la rue du Pressoir et de la rue des Couronnes" .

Le Conseil de Quartier Belleville, Paris 20e avait demandé de mettre en place une médiation avec les jeunes du quartier, cibles de cette demande de démontage.

Pourquoi les bancs disparaissent-ils de l’espace public alors qu’une partie de la population y trouve réconfort lorsqu’elle y fait une halte dans son parcours piéton ? Les bancs sont un espace de socialisation qui permet à nombre d’entre nous d’entamer des conversations avec des voisin-e-s ou avec des inconnu-e-s.
Les bancs dans l’espace public sont plus souvent utilisés par les personnes âgées, les précaires et les jeunes.

A Belleville, certains bancs sont le point de rencontre des jeunes du quartier qui y prolongent leur journée, ils y mangent, y discutent ...

Les riverain-e-s incommodé-e-s par le bruit que ces rencontres génèrent signalent à la police ou à la municipalité les nuisances subies. Ces conflits se terminent, comme à l’angle des rues du Pressoir et des Couronnes, par l’enlèvement des bancs et par la suppression de ces points de rencontre.

Tristesse mais aussi colère. Nous vivons donc un étouffement de l’espace public et subissons la privation de lieux de socialisation dans l’espace public. Ne va-t-il rester que des espaces privés ? Ces lieux privés, principalement les bars, ne sont pas accessibles à celles et ceux, jeunes, précaires ou vieux, qui se posent sur les bancs.
Avec cette dépose du mobilier urbain, se cache une volonté de faire disparaitre une certaine population de l’espace public et ainsi de la rendre invisible. Les jeunes, trop vivant-e-s pour certain-e-s sont dans nos quartiers la cible principale, mais cette volonté touche également toute une population qui en subit les effets.

L’association Canal Marche dénonçait déjà en 2003, avec son film "Le repos du Fakir", cet "urbanisme hygiéniste" qui "refoule les zonards, les sans-abris, les jeunes vers des lieux moins contrôlés". L’association proposait de remplacer "ce design de l’exclusion" par "un travail social, une autre politique de logement des précaires, une autre conception de l’espace public".

Nous, artisan-e-s du lien dans nos quartiers, défendons un espace public apaisé. Mais aussi un espace public vivant. Alors défendons nos bancs, exigeons de traiter la cause et pas les effets et défendons tous ces exclu-e-s de notre espace public.
Supprimer un banc c’est supprimer du lien.

Faisons que cette population de jeunes, de précaires et de vieux ne soient pas mises aux bancs.

Voir en ligne : Conseil de Quartier Belleville, Paris 20e

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