Un changement de pratique alimentaire des habitants d’un quartier peut-il être détecté en analysant ce qui transite dans ses égouts ?
C’est ce que vont tester les scientifiques du projet « EGOUT ». Du 11 au 18 mars, les habitants du 20ème arrondissement de Paris sont ainsi invités à enrichir leur alimentation en fruits et légumes. L’objectif est de permettre aux scientifiques de tester leurs hypothèses en comparant les analyses des eaux usées du quartier.
Les citoyens contribueront ainsi directement à une aventure scientifique inédite, grandeur nature. Le terrain s’y prête : quoi de plus participatif que les égouts ?
Cette aventure scientifique est le point d’orgue d’un travail co-construit avec les « Volontaires de Paris 1 ». Depuis l’automne 2023, les scientifiques sont intervenus dans l’école des Pyrénées, en collaboration avec les enseignants. Ils ont réalisé un travail pédagogique sur le cycle de l’eau et sur l’assainissement avec les élèves de l’école.
Lorsque les résultats seront acquis, les scientifiques reviendront vers les élèves et les habitants pour discuter, avec eux, de leur interprétation.
L’objectif scientifique est de mieux comprendre les facteurs qui contrôlent la dynamique des matières dans les égouts, notamment les pratiques de consommation des habitants. Cette action-recherche est aussi l’occasion d’étudier les leviers de la mobilisation des citoyens dans le cadre d’un dialogue science-société et de sensibiliser la population aux rejets dans les égouts, aux questions de santé, et de transition écologique.
Ces travaux sont préparatoires à la mise en place d’un observatoire pérenne du milieu urbain par l’analyse des matières circulant dans les réseaux. Ils impliquent des chercheurs et chercheuses de plusieurs disciplines œuvrant dans des laboratoires du CNRS (LADYSS, LSCE, METIS), au LEESU, et en partenariat avec le Syndicat Interdépartemental de l’assainissement de l’agglomération parisienne et l’Association science technologie société, et avec le soutien de la Ville de Paris.
Le projet « EGOUT » (Observations géochimiques des trajectoires urbaines) est financé par l’Agence nationale de la recherche.