Violences policières : mon père et le « panier à salade »

De Célia Sadai

Publié le samedi 6 juin 2020

1969 - Quand j’étais petite, mon père aimait nous raconter ses histoires de jeunesse. Mais ces histoires-là n’avaient rien de léger, comme la jeunesse est légère. Elles avaient pour lieu principal le « panier à salade ».

Dans les années 1970, c’est le terme d’argot pour dire « fourgon de police ». Mon père passe donc une partie de sa jeunesse à se faire embarquer dans le « panier à salade ». Pourquoi ? Son nom, sans doute, Tahar Sadai (...)

Mon père ne se laisse pas abattre pour autant et vit sa jeunesse en fumant des cigarettes et en jouant de la musique avec ses copains. Mais cet Algérien heureux, c’est intolérable. Il finit donc ses soirées dans le « panier à salade » puis en garde à vue, au seul motif de ne pas être assez invisible (...)

1986 - La veille de la rentrée, mon père m’interdit de dire à mes camarades que je viens d’Algérie. Tu es une française, il me dit. Il me fait un peu peur. Je grandis dans le quartier parisien de Ménilmontant, un quartier d’immigrés, de pauvres et de punks. Je sais qu’il y a un autre monde, ailleurs. Je le vois bien à la télé et quand on prend la voiture pour aller faire des courses à Auchan, le samedi.
Des gens plus blancs, plus riches, plus paisibles. Je n’appelle pas encore ça le privilège blanc. En 1986, un jeune étudiant appelé Malik Oussekine meurt sous les coups de trois policiers voltigeurs (...)

Voir en ligne : Lire la chronique de Célia Sadai sur Africultures.com

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