Une communauté aussi bien enracinée que mal connue

Avec les Kabyles de Ménilmontant

Le Monde diplomatique - Mars 2021

Publié le vendredi 26 février 2021

Figurant parmi les plus anciennes communautés venues du Maghreb, les Kabyles de France se définissent souvent en réaction aux idées reçues qui circulent à leur sujet.

Aux premiers arrivants, parmi lesquels une majorité de prolétaires repliés sur une solidarité régionale, ont succédé des générations mieux intégrées et plus diplômées, mais toujours soucieuses de défendre leur particularisme linguistique et culturel.

Les images qui accompagnent cette enquête sont de Nicolas Wietrich. Elles sont extraites d’un travail photographique et sonore sur les chibanis.
 https://nicolaswietrich.fr

Extrait - Une autre particularité mène à assimiler les Kabyles à des propriétaires de cafés, voire de bars-restaurants ou d’hôtels. M. Abdelkrim Bousseksou, ingénieur informaticien et économiste, le confirme. Arrivé en France au début des années 1980 pour terminer ses études, il est, entre autres, propriétaire de cafés, dont La Cantine, rue des Maronites, dans le 20e arrondissement de Paris.

Selon lui, jusqu’à la fin du siècle dernier, « plus de 50 % des bars d’Île-de-France étaient tenus par des Kabyles ». Les établissements pouvaient changer de mains, mais ils restaient dans la communauté : « Depuis 1941, La Cantine a toujours appartenu à un Kabyle. Mon oncle en a été le gérant entre 1950 et 1954, et nous l’avons racheté en 2003. Cela se passait toujours ainsi. Un Kabyle préfère vendre à un autre Kabyle, sauf quand l’établissement est préempté par la mairie. » (...)

M. Abdallah B. s’inquiète pour ces anciens

« La plupart de nos anciens vivent dans des foyers ou des hôtels, dans des conditions très précaires. Ils ont déjà traversé beaucoup de crises, mais la situation sanitaire leur pèse, même s’ils ont une patience à toute épreuve. »

Il désigne un vieil homme courbé, le masque de guingois, l’air absent :

« Il vit en France depuis soixante ans et il est rentré en Kabylie chaque été, sauf durant la guerre d’Algérie. En 2020, la pandémie de Covid-19 l’a obligé, comme tant d’autres, à rester en France. Le pire, pour lui, serait de mourir ici sans pouvoir être enterré au bled. »

(...)

par Arezki Metref
Le Monde diplomatique - Mars 2021, pages 14 et 15, en kiosques

 Article complet visible sur cadredevie.paris

Voir en ligne : Lire l’article complet (payant) sur Monde-diplomatique.fr/

Partagez :
Publier un commentaire
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici