« C’est qu’on les a hissés, ces canons. Ah mais ! ce sont les nôtres. On les a payés.C’est pas parce qu’on ne donne qu’un sou que ce n’est pas à nous ! Vous vous rendez compte, ce que c’était, un sou, pour nous ? On a tous payé.On crevait de faim et de froid. On avait les Prussiens si près qu’on les voyait dans la plaine de l’autre côté des remparts. Ils y sont toujours. Regardez ! On n’allait pas les leur laisser, non ?C’est ça qu’ils voulaient, le gouvernement, les Favre et les autres, que les Prussiens nous prennent nos canons ? Ils ont plus peur des ouvriers que des Prussiens, ceux-là.Alors, nous, on les a montés. Ne croyez pas que c’était facile. Vous savez en quoi c’est fait, un canon ? C’est en bronze. Et c’est lourd, ça, le bronze. Pour un canon, il faut quatre chevaux. Et combien de femmes, de vieillards et d’enfants ? Quand je vous dis monter, c’est bien monter.La rue de Belleville, vous connaissez ? Et comment qu’ils sont à nous ! Et personne ne nous les prendra. » [ma]
Il y a cent cinquante ans
Le 18 mars 1871 à Belleville (Buttes-Chaumont)
Sur le Blog de Michèle Audin
jeudi 18 mars 2021
Voir en ligne : 18 mars 1871, à Montmartre, à Belleville et ailleurs, des Parisiens racontent