Un visage, qui à force de coups de poings, avait fini par réussir à déplacer son nez, qu’il avait d’ailleurs de l’humour à son sujet, il nous avait promis de venir nous montrer si son nez atteignait un jour son oreille.
Qu’il était drôle et qu’il pouvait troquer n’importe quelle saloperie trouvé dans les poubelles contre un peu de monnaie pour se payer une 86 ou un mousseux tiédasse. On a toujours une vieille radio sans piles, une boîte de cassoulet et une selle de vélo, enfoiré de salopard.
Qu’il était ivre, souvent et qu’il nous faisait suer. Qu’il était sensible à faire plier tout le monde, un Jean qui rit, un Jean qui pleure à faire pâlir toutes les pleureuses et à faire rigoler les morts.
Qu’il était solide, avec ses plaques de fers vissées un peu partout comme un foutu placard.
Qu’il était gamin jusque dans son allure, avec ce gros sac fourré d’un grand bardas qui le tirait toujours un peu plus vers l’arrière.
Qu’il avait du coffre, bordel, à toujours crier plus fort que les autres.
Qu’il était bon surtout, qu’il le pensait de tout son cœur usé quand il vous souhaitait des merveilles.
Blondin n’est pas qu’un putain de sdf de 49 ans tué par la police un soir d’hiver.
Blondin il faisait partie de la famille de cas’ soc que nous sommes.
« Le corps, recouvert d’un drap blanc, avait été placé à l’abri des regards sous un barnum blanc. » Libération. Dimanche 22 janvier. 20h20
Pour son dernier souffle Blondin a eu le droit à un drap et à un toit, quelle ironie quand on sait qu’il a passé sa vie sur le pavé, sous les étoiles.
Blondin, tu nous a souvent cassé les couilles et les oreilles étant vivant.
Mort, tu viens de nous casser un bout du cœur.
Vos commentaires
# Le 14 février 2023 à 13:07, par Ménil Info
« Une cagnotte est ouverte pour soutenir la famille de Blondin dans les frais de justice. »
https://www.leetchi.com/c/blondin-wa6qba0j