Pour la préservation du 88 rue de Ménilmontant face aux intérêts privés

Danielle Simmonet

Publié le mercredi 4 mai 2022
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Au 88, rue de Ménilmontant, avait existé la Miroiterie. Un lieu unique, un squat autogéré offrant à la fois une scène musicale alternative, des ateliers d’artistes, une salle de danse, une galerie d’exposition, un magasin solidaire, un lieu de vie et de résidence. Mais ça, c’était avant…. Après l’expulsion du lieu, qu’allait devenir ce terrain ? La réalité dépasse la fiction…

En 2015, le conseil de Paris a adopté une délibération (la DLH 383) qui visait à la création de logements étudiants sur la parcelle du 88 rue de Ménilmontant. Du logement étudiant, c’est important et il en manque tant. Mais déjà en 2015, j’alertais sur la volonté de la majorité de déconnecter ce projet de logements du projet prévu au rez-de-chaussée pour le financer.

Et là, qu’allaient nous proposer le bailleur et la ville pour combler la disparition de ce lieu, si essentiel pour la vie culturelle du quartier de Ménilmontant, du 20è arrondissement et de Paris ? Place à un SPA, des espaces de coworking, une galerie, des boutiques artisanales, l’anticipation d’un mur d’expression et une salle de spectacle de 100 places. Tout ça au profit de qui ? De l’entreprise Cultspace, déjà propriétaire notamment de la Bellevilloise, et de la rotonde de Stalingrad mais aussi de nombreux espaces emblématiques de notre ville…

Un amendement à la délibération avait néanmoins été adopté par le conseil de Paris de décembre 2015 demandant que les locaux d’activité soient attribués après concertation des habitant-e-s. Mais l’unique réunion publique organisée par l’ancienne Maire du 20e Frédérique Calandra le 2 février 2017, annoncée et tenue avec le porteur de projet, n’a absolument pas respecté cette exigence de concertation. Bien que l’adjoint à la Maire de Paris en charge du logement ait précisé à l’époque « que les financements votés sont forfaitaires et totalement indépendants du financement de la partie culturelle de l’opération », aujourd’hui, le Maire actuel martèle que le projet est bel et bien ficelé et qu’il n’est plus possible de faire une concertation sur le programme commercial mais uniquement sur les locaux de bureau et les boutiques. Pour lui, ce projet a déjà coûté 4,2 millions d’euros à Paris Habitat et faire une concertation ferait perdre encore 5 ans….

Les activités de la Bellevilloise ont déjà été pointées du doigts à maintes reprises par les riverain-es en raison des nombreuses nuisances sonores tant diurnes que nocturnes. Elles ont même donné lieu à des relevés de la part de la préfecture, relevés qui n’ont jamais été publiés. J’ai d’ailleurs écrit à la Préfecture pour que les habitant.es aient accès à ces mesures sonores ainsi qu’aux études d’impacts du futur projet. Comment peut-on envisager raisonnablement des logements étudiants au-dessus d’un établissement où des nuisances, encore une fois non-stop, seront émises ? Comment imaginer imposer aux riverains un projet qui va augmenter les nuisances sonores dont ils se plaignent déjà sans qu’on les écoute ?

Une fois de plus, les habitant.es du quartier se mobilisent et espèrent bien cette fois-ci être entendus. Dans le cadre du conseil de quartier, ils ont rédigé un vœu, qui sera présenté au prochain conseil d’arrondissement du 18 mai prochain. Je le soutiendrai.

Il demande 3 choses :

 Que le Maire du 20e arrondissement mette en œuvre la concertation pour l’attribution des locaux commerciaux programmés dans le projet du 88 rue de Ménilmontant ;
 Que le Maire du 20e arrondissement garantisse une concertation large, intégrant tous les projets proposés pour cette parcelle ;
 Que le Maire du 20e arrondissement intègre des habitant-es dans la décision sur le choix du projet pour la parcelle du 88 rue de Ménilmontant.

La miroiterie qui était au 88 rue de Ménilmontant s’était constituée en association dès 2013 pour pouvoir demander des locaux pour maintenir son activité musicale autonome. Elle aurait du pouvoir postuler pour proposer son activité dans ces nouveaux locaux ! Et les habitant.es auraient du avoir leur mot à dire. Il existe aujourd’hui de nombreux collectifs d’artistes et d’associations culturelles qui ne demandent qu’à trouver des lieux à mutualiser. Des alternatives pour le 88 rue de Ménilmontant il en existe, mais pour cela, faut-il encore se préoccuper des habitant-es, de leurs projets, de la qualité de leur cadre de vie. Au mépris des habitant-es, la ville de Paris a choisi les profits d’une entreprise privée avec laquelle, il faut le dire, elle multiplie les marchés…..

Voir en ligne : Source : www.daniellesimonnet.fr

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