Histoire - Solidarités

Le Relais Ménilmontant : réunion pour la Marche pour l’égalité et contre le racisme à l’été 1983

Publié le mardi 17 octobre 2023

© Amadou Gaye

Le Relais Ménilmontant à Paris a une place essentielle dans l’histoire et la mémoire de la Marche. Durant l’été 1983, des représentants des associations qui organisent la Marche (Toumi Djaïdja de SOS Avenir Minguettes, Christian Delorme et Jean Costil de la Cimade Rhône-Alpes) viennent à Paris pour présenter leur projet de première marche pour l’égalité et contre le racisme aux associations antiracistes de la région parisienne.

Ils souhaitent mobiliser les associations parisiennes afin que celles-ci relaient leur message dans la capitale et prennent en charge l’organisation de l’étape finale du 3 décembre. C’est au Relais Ménilmontant, lieu connu des luttes de l’immigration des années 1970, que la rencontre a lieu. Elle rassemble une quinzaine d’associations locales qui entendent alors parler de la Marche pour la première fois. Le Collectif jeunes de Paris d’accueil de la Marche, qui est créé par la suite afin d’organiser l’arrivée de la Marche à Paris le 3 décembre, s’y réunira à de nombreuses reprises avant, pendant et après la marche. C’est aussi au Relais Ménilmontant que, le 4 décembre, les marcheurs se réuniront pour la dernière fois.

L’histoire du Relais Ménilmontant est liée à la fois au quartier de Belleville-Ménilmontant, quartier historique des ouvriers et des immigrés, et à l’histoire de militants des droits humains. En 1974, le père Pierre Loubier, curé de l’église Notre-Dame-de-la Croix, située place de Ménilmontant, accueille un collectif de sans-papiers animé, entre autres, par Saïd Bouziri, jeune militant tunisien qui crée et mène le Mouvement des travailleurs arabes (MTA).

En 1975, l’archevêché de Paris envisage de vendre un terrain lui appartenant situé à proximité de l’église Notre-Dame-de-la Croix, sur la rue de Ménilmontant. Ce terrain est occupé par une ancienne école désaffectée. Afin d’éviter la vente du terrain, Pierre Loubier ainsi que des militants du collectif d’immigrés sans-papiers et des habitants du quartier se mobilisent pour soutenir une initiative plus sociale. C’est ainsi que sur ce terrain sont implantés des logements HLM dont une partie est transformée en cité de transit en dur.
Cette nouvelle cité recueille des familles mal logées du quartier, parmi lesquelles un grand nombre d’immigrés : des Portugais, des Africains, des Maghrébins&En même temps, un espace social pour accueillir les familles est créé. L’objectif de cet espace social est d’encourager le sien entre les habitants du quartier et de favoriser des projets d’insertion.
Ce lieu social est d’abord géré par le Service social familial nord-africain (SSFNA). Finalement, Pierre Loubier créé et préside, en 1976, l’association Relais Ménilmontant qui en reprend la gestion. Le Relais est un lieu d’animation et de formation ainsi qu’un centre d’accueil social.

Le Relais devient petit à petit un espace connu des luttes de l’immigration à Paris. On y prépare des tracts, et on y organise des rassemblements. Des militants de l’immigration visitent régulièrement l’endroit. Pierre Loubier, curé de la paroisse et président du Relais, accueille même dans la crypte de son église la communauté musulmane Ad Dawa, privée de lieu de prière. Radio Soleil Goutte d’Or, créée à l’été 1981 par des anciens militants du MTA, dont Saïd Bouziri, a d’ailleurs pendant un temps ses studios au Relais.

Dès le début de la Marche, des collectifs regroupant des associations s’organisent. Dans la région parisienne, on retrouve 2 comités qui reflètent les prises de position différentes entre, d’une part, des organisations plus ou moins anciennes et, d’autre part, ceux des jeunes de la seconde génération. Le premier groupe, connu sous le nom de Collectif parisien d’accueil de la Marche, rassemble des organisations telles que la Ligue des droits de l’homme, le MRAP ou la FASTI.

Le collectif se réunit dans un local de la rue Traversière (12e arr.). Le second groupe, dont le nom exact est, Collectif jeunes de Paris en soutien à la marche pour l’égalité des droits et contre le racisme, rassemble surtout des associations de jeunes qui ne reconnaissent pas dans les grandes organisations qu’ils jugent trop « institutionnelles ». Les associations membres du Collectif jeunes se plaignent aussi du fait que les revendications des jeunes Maghrébins de France ne sont pas assez prises en compte par les grandes associations.
A la recherche d’un local, ils demandent et obtiennent de la direction du Relais Ménilmontant la permission d’établir leur quartier-général dans les locaux du centre social. Le Collectif s’y retrouve régulièrement. C’est de là que sont tirés les tracts, affiches, banderoles, badges etc. qui émanent du Collectif.

Le 3 décembre, jour de la dernière étape de la Marche, c’est au Relais que se retrouve le Collectif des jeunes pour l’ultime étape de la Marche qui va de la Place de la Bastille à Montparnasse. Le lendemain, après l’euphorie de la dernière étape et de la fin de l’épopée, un repas rassemble au Relais les membres du Collectif et les marcheurs pour un repas d’au-revoir. Quelques mois plus tard, le Relais Ménilmontant devient, presque naturellement, le siège officiel de la deuxième marche contre le racisme et pour l’égalité, plus connue sous le nom de Convergence 84.

 https://odysseo.generiques.org/

Voir aussi : www.facebook.com/ledorothycafeatelier/

Voir en ligne : Sources et références sur lesamisdegeneriques.org

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